Oh, là, là, mais quelles bourdes je fais ! [LIBRE]

Oh, là, là, mais quelles bourdes je fais !

Libre ~

Tandis que la nuit noire tombait, une ombre se faufila dans l’obscurité. Les nuages empêchaient les rayons de lune d’éclairer la terre ferme. La forme grimpa sur un promontoire et observa les environs. Rien de suspect n’était en place. Au loin, sur la mer, des lumières couraient. Des feux follets ? Peut-être. Sûrement. Mais ça n’existait pas. Ce n’était qu’un mythe. Comment en être sûr ? L’ombre descendit du promontoire pour rejoindre les étranges lueur. Elle courut dans le sable mou et froid. Le sable était toujours froid, la nuit, quand les nuages empêchait les rayons de lune d’atteindre la terre ferme. Les feux follets semblaient attendre. L’un d’eux était sur la rive. La forme s’en approcha. Son identité fut alors révélée.
Ce n’était… Oui, vous l’avez deviné, qu’un simple Évoli. Aux couleurs étranges, certes, mais… un Évoli restait un Évoli. Celui-là était peut-être différent, amnésique, et croyait être un humain – comment pouvait-on penser à une chose pareille ?! – mais, eh oui, ce n’était qu’une simple et petit Évoli. Simple, simple, et encore simple, voici ce qu’était Aurore.
Mais revenons-en à l’étrange lumière qu’était ce feu follet. Intriguée, Aurore s’approcha très près de lui, et le toucha avec son museau. Elle éternua ; il lui avait chatouillé les narines. Elle crut, un instant, que cette étrange flamme la regardait. Pourtant, elle n’avait pas d’yeux. Une voix résonna dans le silence de la nuit ; le fennec roux et bleu s’en effraya.

« Attention, attention,
L’heure n’est pas à la rêverie.
Il va falloir sortir du lit,
Pour constater l’immense attraction,

Que la terre a fait paraître
Pour te montrer que la mer n’est pas rien.
Prends garde, tu n’es pas l’ennemi du bien !
Pense à te souvenir de ce qui à fait naître

Cette amnésie. Pense, alors !
Il ne faut pas encore
Que ne revienne la nuit,
Les Ténèbres seront là, tout comme la pluie. »

Sans blague, songea l’Évoli, dont le visage ne reflétait maintenant plus que de l’exaspération. Tout ça pour des belle rimes ! À quoi devrais-je faire attention ? À une attraction ? Parce que la fête foraine et arrivée en ville, et s’est installée devant ma grotte, hein ? Cependant, bien qu’en colère de constater que le feu follet ne peut que faire de misérables rimes, ces paroles l’intriguaient. Les mots les plus importants semblaient être « rêverie », « ennemi du bien », « amnésie » et « Ténèbres ». Cette boule lumineuse, aussi étrange que cela pouvait bien être, savait quelque chose sur le passé d’Aurore, qu’elle avait oublié suite à un incident dont elle ignorait l’étendu ? Elle ouvrit la gueule, voulant poser quelques questions au feu follet. Elle la referma immédiatement ; elle venait de constater que toute la mer avait disparu. Avant qu’elle ne puisse comprendre ce qu’il se passait, l’eau revint, sous la forme d’une vague gigantesque, à la vitesse phénoménale. Elle essaya de s’enfuit, en vainc. La vague puissante la happa facilement, l’eau salée entra dans la gueule de l’Évoli, elle se sentit faiblir, et…

- Keuf, keuf ! Mais qu’est ce qui se passe ici ?!

Aurore ouvrit les yeux et se leva aussi sec, recrachant de l’eau qu’elle venait d’avaler. Elle était de retour dans sa caverne, non loin de la mer. Et elle était remplie d’eau…

- Aaaaah nan ! C’est pas vrai ! Il a encore plu ! Non, non, non et encore non ! Il va falloir que j’éponge tout ça, maintenant !

Elle sortit rapidement de la grotte et se secoua à l’extérieur. Il faisait chaud, et le soleil brillait. Aucune trace de pluie, ni des feux follets…

- Ah, un rêve, c’était seulement un rêve… Pfiou… Mais c’était n’importe quoi ce binz ! Ça a aucun sens ! À moins que…

Une minute de silence. Puis elle reprit :

- Un rêve prémonitoire ! Toute cette flotte, ça voulait dire… Qu’il devait y avoir une inondation ! Pff, déjà que j’aime pas l’eau et puis… et puis… Et puis je parle toute seule, c’est magnifique.

Jetant un regard désespéré vers la caverne, Aurore se dit alors qu’elle n’avait pas envie de nettoyer tout ça. En fait, elle l’avait fait il n’y a pas longtemps. Décidément, pourquoi pleuvait-il toujours à l’intérieur de sa caverne ?! Pourquoi ne pleuvait-il pas ailleurs ?! L’Évoli songea à un système qui empêcherait l’eau d’entrer dans la grotte. Un système appelé… Porte, tout simplement. Mais pour construire une porte, il fallait des matériaux, et pour avoir ces derniers, il fallait de l’argent. Or de l’argent… Éhé… Aurore n’en avait pas grand-chose ! Juste assez pour se payer à manger pour… La semaine qui suivait, en fait. Le meilleur moyen pour s’en faire était d’aller chercher une mission et de l’exécuter. Mais où en trouver ? Tout simplement… Dans le village, non loin d’ici.

- Pff, je suis trempée et va falloir que j’aille en ville… Enfin bon, tant pis… Où qu’on trouve des affiches de missions ? … Boarf, je verrais en arrivant.

L’Évoli se secoua une dernière fois pour enlever un maximum d’eau et se mit en route. Avec un peu de chance, le soleil sècherait le reste d’eau qu’il y avait sur son pelage. Elle arriva rapidement à l’entrée du village et, ne sachant où aller, suivit la direction d’une flèche, qui indiquait « Café Spinda ». Elle se trouva, effectivement, dans une pièce ressemblant à un café, et se demanda s’il pouvait y avoir des missions par ici. Elle repéra un panneau d’affichage et en fut ravie. Elle fit un pas à l’intérieur du café ; les griffes de sa patte métallique crissèrent sur le sol, cassant ses oreilles, mais aussi celles des clients. Elle se dit alors qu’elle allait marcher à trois pattes jusqu’au panneau. Mauvaise idée. Elle trébucha rapidement, cogna une table, la fit tomber. Ignorant la ou les personnes qui étaient à cette table, elle galopa vers le panneau d’affichage.
Oh, là, là ! Mais quelles bourdes je fais ! songea-t-elle, l’air un peu honteux. Elle espérait maintenant trouver une mission et partir illico, sans que personne ne vienne lui parler pour lui râler dessus, ou quoi que ce soit d’autre…

La journée de Millésime avait pourtant si bien commencée. Elle avait pu obtenir une très belle récompense avec sa dernière mission, pourtant pas si compliqué que ça. Il s'agissait d'aller secourir un bébé togepi pour le rendre sain et sauf à sa mère. L'imprudent s'était aventuré loin dans le Bois au Pomme, Millésime se demandait justement comment il avait bien pu arrivé jusque là mais les insouciants évite aveuglément le danger. N'ayant pas eu de missions depuis un bon moment et ayant également besoin de remplir ses poches et surtout elle avait besoin de se dégourdir les griffes et de tâter du méchant pokémon. Il fallait absolument que le monde n'oublie pas Millésime, la belle massko avait une réputation qui n'était plus à faire. Il n'était plus rare maintenant qu'à son passage aux attroupements de pokémons, de nombreux mâle se retournaient à son passage, de nombreuses femelles aussi, admiratifs et jalouses. Millésime n'était pas une vantarde, elle savait juste parfaitement jouir de ses atouts, mais une chose était sûr, sa réputation d'exploratrice généreuse n'était plus à faire, celle de son caractère bien trempé non plus. Enfin bref, la mission avait été des plus simple et Millésime avait rapidement rendue le petit à sa maman débordante de reconnaissance, et de pokés. Un sac plein de ces pièces dorées qui ouvraient de nombreuses portes et surtout celle du Café Spinda. Un endroit que Millésime adorait, pour ses boissons revigorantes mais aussi pour ceux qui le fréquentaient. Il n'était pas rare qu'après une discussion autour d'un verre, Millésime dégote une nouvelle mission, quitte à y aller avec un équipier provisoire pour partager les gains.

Pour le moment, Millésime avait besoin de bon temps, et les pokés gagnés allaient fortement l'aider à atteindre ce but. Elle s'était installée paisiblement à sa table attitrée, oui, cette massko au charme redoutable pouvait se targuer d'avoir sa propre table au Café Spinda. Même durant son absence, personne n'osait s’asseoir à cette petite table qu'elle considérait comme sienne. Appelant le barman Spinda, elle se fit plaisir et commanda une de ses boissons favorites, le cocktail secret fait maison par Spinda lui même. Millésime n'aimait pas ce breuvage, elle l'adorait ! Tout en regardant de ci de là et s'enquérant des dernières nouvelles auprès du patron, ses pensées dérivèrent un instant vers sa dernière mission. Le petit togépi l'avait regardé avec tellement d'admiration qu'elle s'en était presque sentie gênée. Cette tendresse...pouah ! Elle était devenue exploratrice pour quitter le cocon familial, ce n'était pas pour la retrouver sur ce chemin d'exploratrice. Pourtant... ces derniers temps, elle se posait de plus en plus de question... Millésime ressentait-elle une certaine solitude ? Elle refusait d'y croire, hors de question d'essayer de nouer des liens durables avec d'autres pokémons. La belle massko n'avait pas besoin de partenaire attitré ça non ! Encore que de se faire dépanner par des connaissances ou des explorateurs inconnues...passait encore, mais Millésime ne se voyait pas passer sa vie suivit par un autre pokémon quel que soit son type.

C'est alors que la belle demoiselle se fit bousculée et tomba de sa chaise dans un fracas assourdissant. Mais qui lui avait fichu un empoté pareil ? Qui avait osé la déranger ? Secouant sa fine tête écaillée pour se débarrasser du breuvage, elle darda un regard venimeux vers le coupable. La coupable plutôt. En effet, la responsable de ce tintamarre était une étrange évoli, aux couleurs bien étranges d'ailleurs, et c'était naturel. Une chose attirait l’œil également sur cette jeune femelle, sa patte en métal. Mais à la voir, Millésime décida que celle-ci était loin d'être infirme, et puis même si c'était le cas elle ne se serait pas gêner pour l'enguirlander. Ce qu'elle fit, elle se dirigea vers le panneau d'affichage où la délinquante s'était réfugiée feignant de regarder les missions qui y étaient affichées. Mettant ses griffes sur l'épaule de la fuyarde, elle la ramena face à elle et se mit à hurler.

-NON MAIS CA VA PAS NON ?! Pour qui tu te prends, après une journée pareil, les pokémons qui se rendent ici le fond pour passer du bon temps, crois tu vraiment que je passe du bon temps à me faire asperger par une novice ?! Qui es tu et quel est ton rôle à part de m'asperger de cocktail, je te préviens je suis fatiguée et je ne suis pas très patiente d'ordinaire !

Millésime secouait l'étrange évoli tout en lui criant dessus. Se moquant bien des regards que les clients, globalement d'accord avec elle, lui lançaient.

Aurore remua les oreilles, ignorant les exclamations de certains clients, et continua de regarder les missions placardées sur le panneau d’affichage. Le problème, c’est que toutes les voix derrière elle la stressait, lorsqu’elle lisait une ligne sur une mission, elle l’oubliait aussitôt ; elle imaginait maintenant un gros videur arriver là, regarder l’Évoli d’un air méchant puis l’envoyer dehors pendant trente ans, si bien qu’elle ne pourrait plus du tout trouver des missions. Elle serait donc condamnée à errer dans les rues et demander des missions aux passants comme un pauvre Pokémon demanderait des sous pour s’acheter une grosse pomme…
L’orangée secoua la tête pour se remettre les idées en place. Tout de même ! Penser à une telle idiotie était ridicule. Elle inspira un bon coup, tentant de garder son calme. Si on venait l’embêter maintenant, elle ne se laissera pas faire ! Quelle que soit le Pokémon qui l’abordera ! Ses yeux furent attirés par une mission qu’elle sembla fort intéressante, voulut commencer à la lire… Et sursauta en sentant des griffes sur son épaule. On la fit se retourner vivement, et Aurore se retrouva en face d’une Massko à l’air peu gentille et patiente…

- NON MAIS CA VA PAS NON ?! Pour qui tu te prends, après une journée pareil, les pokémons qui se rendent ici le fond pour passer du bon temps, crois tu vraiment que je passe du bon temps à me faire asperger par une novice ?! Qui es tu et quel est ton rôle à part de m'asperger de cocktail, je te préviens je suis fatiguée et je ne suis pas très patiente d'ordinaire !
- Eh, pas la peine de me hurler dessus, j’ai des assez grandes oreilles pour entendre ce que tu me dis en parlant normalement, parce que là… C’est à la limite que j’entends rien !

Aussi douée en français qu’en politesse, le fennec n’avait absolument pas l’intention de se laisser faire par quelqu’un qui, en plus, n’avait pas l’air fort sympathique. Par ailleurs, elle ne connaissait pas cette Massko qui se croyait tout permis… Et préféra ignorer quelques remarques surprises de la part des clients. Se retenant – pour l’instant – de mordre l’un des bras de son interlocutrice, elle lui lança, dans un ton ironique :

- En plus, bah que oui j’suis une novice, alors je vois pas pourquoi tu te fais avoir lamentablement par moi ! Franchement, c’est que t’es pas aussi douée que t’en as l’air !

Aussi folle que décidée ; Aurore n’allait pas se laisser faire !

HRp :

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